Dossier du mois

Le nudge & la formation

Publié le 6 juillet 2021
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Ok, stop. On arrête tout.
Je vous vois, ou plutôt je vous entends. Oui, vous au fond là-bas. En train de dire « le nudge ?! c’est quoi encore ce truc !? ».

Quoi ? Qu’ouïe-je ? Vous ne connaissez pas le nudge ? En réalité, vous connaissez sûrement, mais vous ne savez peut-être pas qu’il s’appelle ainsi.

Le nudge & la formation :
Ou comment rendre l’apprentissage plus stimulant

L’application qui a révélé le nudge au grand public c’est celle de l’aéroport d’Amsterdam- Schiphol. Dans les années 90, l’aéroport néerlandais (l’un des plus fréquentés d’Europe NDLR) voyait sa facture d’entretien des toilettes s’envoler, car ces messieurs rencontraient des difficultés pour viser « sans repère ». Fort de ce constat, l’aéroport a gravé des mouches dans ses urinoirs et cette simple apparition de « cible » a encouragé les hommes à ajuster leur tir. Résultat ? Des usagers satisfaits, des toilettes plus propres et des dépenses d’entretien qui ont chutées de 80%.  

C’est ça, le nudge. Une méthode douce pour inciter les individus à changer de comportement sans les contraindre et en s’appuyant sur leurs biais cognitifs.

Couronné par deux prix Nobel, le nudge a d’abord été plébiscité par le marketing et la communication avant de séduire le digital qui s’en sert notamment pour analyser nos habitudes et comportements et nous inciter à consommer, faire du sport, voyager de manière plus responsable, manger des légumes, etc. 

Mais quel rapport avec la formation ? J’y viens.

Passer de l’intention de formation à l’action

La formation de demain n’existe pas encore, il faut l’imaginer et surtout la concevoir.
Enfoncer des portes ouvertes ça n’a pas de prix, ne me remerciez-pas, c’est cadeau.
Cela étant dit, rigolez, mais ce n’est pas parce qu’on le sait que c’est facile à faire.

1. Des chiffres qui en disent long

Selon une étude du forum économique mondial, 65 % des enfants qui entrent aujourd’hui à l’école primaire auront un métier que nous ne connaissons pas encore. Et un rapport de Dell et l’Institut pour le Futur évalue que d’ici 2030 il y aura 85% de nouveaux métiers. Avec de tels chiffres, pas besoin de vous faire un dessin sur l’importance de la formation.

Et pourtant…on a beau savoir que c’est important de se former, à nous écouter on en a même tous très envie, seulement on ne va pas se mentir, dès qu’il s’agit de se lancer c’est toujours la même rengaine : « je voudrais bien mais je suis dé-bor-dée » ; « impossible avant auuuuuu moins 2026, on se rappelle ? » ; « oui mais demain les terrasses réouvrent donc bon…les priorités ma p’tite dame ». (en vrai, pour les terrasses, on vous l’accorde, c’est prioritaire, continuez d’aller au restaurant, ils sont nombreux à en avoir besoin !)

Vous l’avez compris, le nudge pourrait bien être le coup de pouce dont on a besoin pour enfin passer de l’intention de se former à l’action de s’inscrire et s’engager dans l’apprentissage.

2. L’art d’inspirer la bonne décision & se souvenir des belles choses

Mais concrètement, est-il possible de s’inspirer du nudge pour l’appliquer au domaine de la formation ? Peut-on s’appuyer sur des biais cognitifs pour donner envie de se former ? Comment faciliter la mémorisation de nouvelles connaissances ? Voici quelques idées « en vrac » à mettre en œuvre avant, pendant et après une formation.

Avant la formation : se fier aux apparences

Mieux vaut envoyer un mail signé d’un autre stagiaire disant « je me suis inscrit à cette formation, ça m’a aidé de telle manière dans mon métier » qu’un mail signé du formateur. Pourquoi ? Parce qu’on préfère s’identifier au témoignage d’une personne partageant un profil similaire au nôtre avant de passer à l’action. L’effet de réassurance que cela nous procure nous aide très souvent à franchir le pas vers la prise de décision. On s’appuie ici sur le biais cognitif dît « de familiarité » qui consiste à faire davantage confiance à ce qui nous est familier ou proche, à ce qu’on connaît le mieux, même de manière vague, et à le favoriser par rapport à d’autres options.

Pendant la formation : abuser des madeleines de Proust (mais aussi celles aux œufs frais)

Est-ce que vous avez remarqué que vous vous souvenez plus facilement d’un évènement lorsque vous arrivez à le recontextualiser ? Et souvent même, vous accédez à des détails que vous pensiez oubliés à jamais. C’est comme ça qu’à chaque fois que je retourne m’asseoir sur la plage de Temae à Moorea, je réentends immédiatement la voix si familière de ma grand-mère, la musique qu’écoutait le groupe à côté de moi et l’odeur de leurs grillades.

Notre cerveau est ainsi fait, les mécanismes du souvenir nous renvoient naturellement à l’endroit où nous avons vécu l’expérience. Ce qui nous conduit à penser que faire des formations dans des lieux contextualisés et travailler sur des ressorts immersifs dès que le sujet le permet sont des pistes à explorer pour améliorer la qualité de l’apprentissage.

Après la formation : lutter contre « la courbe de l’oubli »

Faire une formation, c’est bien. Se souvenir de son contenu, c’est mieux.
Si vous voulez, je peux continuer d’enfoncer des portes ouvertes, c’est un peu une passion chez moi.

Plus sérieusement, connaissez-vous la courbe de l’oubli ? La courbe de l’oubli est un concept d’Hermann Ebbinghaus selon lequel 1 semaine après une formation on a déjà oublié près de 70% de ce que l’on a appris. Oui, vous avez bien lu. 70%, en 1 semaine, ciao, bye bye, sayonara, arrivederci. Sympa. Si vous avez bien suivi, vous savez qu’Hermann n’y est pour rien, c’est encore la faute de notre cerveau. La rétention de l’information, on pourrait croire que c’est sa spécialité mais en réalité ce n’est pas vraiment son truc.

MEMOIRE ET APPRENTISSAGE - Institut Imtiyaz

La bonne nouvelle (car il y en a une !), c’est qu’on peut aider notre cerveau à se souvenir grâce à la répétition dans le temps. Les travaux de notre cher Hermann Ebbinghaus démontrent qu’en répétant entre 5 et 7 fois une information dans le temps on améliore sensiblement son ancrage mémoriel. En formation, cela se traduit par ce que l’on appelle des « piqûres de rappel » adressées aux stagiaires et ce dès la fin de la formation.

Ces rappels peuvent prendre différentes formes (synthèse à lire, quiz ludique, vidéo, etc.) et permettent non seulement de garder un lien après la formation, mais surtout de rappeler à notre cerveau qu’on lui saurait gré de bien vouloir FAIRE L’EFFORT de se souvenir de la formation qu’on lui a permis de suivre il y a 3 semaines.

Le mot de la fin

Etienne Bressoud, auteur de « Nudge et autres coups de pouce pour mieux apprendre » le dit mieux que moi :

« Le Nudge apparaît comme un complément à tout ce que la pédagogie apporte déjà. Il permet notamment d’intégrer l’irrationalité des apprenants et l’influence de leur contexte, physique et social et sortir de cette vision selon laquelle tout le monde peut apprendre de la même façon. C’est la fameuse phrase d’Einstein : « Si vous jugez un poisson sur ses capacités à grimper à un arbre, il passera sa vie à croire qu’il est stupide ! » »

Gageons que vos biais cognitifs ne vous empêcheront pas de vous souvenir de cet article… 


Article rédigé par Naïs Nury

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